Se reconnecter à sa féminité : Être femme tout en étant mère

Dans la lignée du numéro 57 de Grandir Autrement intitulé « Femme, mère : résoudre le conflit», nous nous interrogeons sur la manière de favoriser l’expression du féminin dans notre vie de mère aujourd’hui, dans notre société marquée par la « domination d’un masculin déformé1». Vaste sujet que celui de la femme, de la féminité, du principe féminin: tant de concepts pour une simple réalité biologique à l’origine. Nous n’y reviendrons pas tant il nous faudrait de pages pour en faire le tour mais les références citées, volontairement nombreuses, vous invitent à y réfléchir pour mieux vous rencontrer. Contentons-nous simplement ici de quelques pistes pour nous aider à prendre soin de notre féminin au quotidien. 
Ce qui caractérise la femme en premier lieu, en dehors de toute construction de genre, c’est son corps. Rappelée à lui cycliquement par ses règles, elle ne peut, malgré les efforts de la société pour en minimiser l’existence (produits d’hygiène, médicaments de confort), l’oublier. Sa matrice, source de vie (qu’il s’agisse d’enfant ou de réalisation personnelle), se compose d’organes spécifiques qui n’appartiennent qu’à elle et qu’il est dommage de ne considérer que pendant la grossesse «vécue comme l’unique état donnant accès au sentiment d’exister réellement dans son corps de femme2».

Développer ses perceptions internes

Prendre conscience de ses organes pelviens, c’est connaître leurs fonctions et localisation : pelvis, vagin, utérus, ovaires réclament attention. Par la visualisation, des techniques de massage spécifiques, la respiration ou la méditation, ils sont au cœur du féminin, dont ils sont la racine. «En éveillant la part la plus féminine du corps féminin, on commence à guérir et à nourrir la féminité sauvage3». Parce que c’est bien là que se loge la différence entre l’état de femme et la fonction de mère, dans la sexualité vivante et vibrante du sexe de la femme, cette partie de son corps physique est à choyer en priorité. « Nous vivons au moyen d’un corps qui nous informe à chaque instant de ce qui est adapté ou non à notre écologie personnelle », comme le précise Maïtie Trelaün4 : se mettre à l’écoute de son cycle menstruel permet à chaque femme de trouver son rythme, de savoir quelles énergies privilégier et à quels moments. Ceci pour avoir en conscience que « une fois libéré des réactions conditionnées et des limitations imposées par la société5, il [le cycle menstruel] peut avoir une influence active sur le développement physique, émotionnel, intellectuel et spirituel d’une femme, ainsi que sur celui de la société et de l’environnement dans lesquels elle évolue6 ».

Aller à la rencontre de soi-même

Une autre singularité de la femme est sa capacité à accoucher, autrement dit, sa maternité. Il ne s’agit pas seulement de materner un enfant, il s’agit aussi de prendre le temps du maternage de soi pour accoucher de ses talents, pour enfanter ses créations. « Enfanter de soi-même, c’est se dire, se révéler, oser prendre le risque de qui nous sommes et oser nos différences comme nos talents7 Par l’introspection, l’écoute intérieure, la femme peut créer son propre mouvement et se réaliser. Cela ne peut se faire qu’en se détachant des codes sociaux, des modèles familiaux et des croyances limitantes qui l’invitent à revisiter son histoire (personnelle et collective) pour mieux se délier des entraves du passé8. Respecter ses émotions, identifier ses besoins et ses ressources, accueillir son intuition ouvrent la femme au sacré, à la spiritualité, à la découverte de sa mission de vie. Grâce à la sororité, au regroupement de femmes9 à l’exemple des cercles de femme (comme nous l’avons vu dans le numéro précédent) ou des tentes rouges, la femme peut, par effet du miroir féminin, partir à la quête de son identité et se mettre à l’écoute et en phase avec sa féminité pour enfin donner naissance à sa créativité.

S’impliquer et faire alliance

Reliée à la lune par ses cycles, la femme est aussi reliée à la terre, symbole de la fonction maternelle, de la fécondité. Elle se ressource dans la nature (goûtez aux balades en forêt, respirez la mer !) et en prend soin. S’investir pour un monde meilleur passe par l’action sociale (poser des actes forts pour la société) au sens où la femme a à partager et transmettre ses valeurs féminines. Réarmer l’esprit féminin, c’est privilégier la communication, l’écoute, l’accueil, l’empathie, l’ouverture, la joie… l’être plutôt que le faire. Transmettre ses connaissances de l’intime permettra aux jeunes filles de s’épanouir dans leur féminité plus facilement et plus rapidement que notre génération pourtant qualifiée de féministe. « Il est dans la nature du principe féminin de libérer, de mettre au monde, de donner naissance. […] Quant à l’homme, qu’il contribue à libérer la femme d’abord et avant tout en acceptant la partie féminine qui est en lui. En reconnaissant les valeurs féminines qui demandent à s’épanouir en lui, comme dans le monde. Afin qu’ensemble nous bâtissions une société nouvelle10 ». Gardons en tête que « quelles que soient la force et la fréquence du déni, le corps féminin n’oublie pas son savoir qui appelle à se réapproprier le féminin dans sa dimension personnelle et spécifique. Ce sont souvent des problèmes typiquement féminins (règles douloureuses, sexualité11, infections, avortement…) qui poussent à tenter de guérir la féminité intérieure12 ». Harmoniser son cœur et son corps au quotidien peut trouver sa place dans nos journées trépidantes, ne serait-ce que pour nos enfants, notamment pour nos filles : quelques minutes de solitude favorisant l’introspection, une pratique sensorielle quelle qu’elle soit (yoga, méditation), des lectures inspirantes, une parole authentique, mesurée et vraie, une écoute des rythmes imposés par son cycle, la pratique d’une activité créative régulière, la défense de ses besoins, un rituel d’écriture, un groupe de femmes… « Notre féminin rêve, écoute son intuition, accueille, crée, invente, mais tout cela reste à l’état de projets si nous ne connectons pas notre part masculine qui pose des actes13 ».
Femmes, agissez dans le sens de vos désirs !


1 Le Féminin sauvage, Trouver puissance, esprit et joie dans le corps féminin, Tami Lynn Kent, Éditions Vega (2017), p. 8.
2 Sagesse et pouvoir du cycle féminin, Marie Pénélope Pérès et Sarah-Maria LeBlanc, Éditions Le Soue d’Or (2017), p. 59.
3 Le Féminin sauvage, Trouver puissance, esprit et joie dans le corps féminin, p. 26.
4 Les Trésors du cycle de la femme, S’épanouir avec ses énergies, Maïtie Trélaün, Éditions Jouvence (2014), p. 19
5 Le Féminin sans tabou, Le plaisir d’être une femme, Delphine Lhuillier, Éditions Eyrolles (2014)./ Ceci est mon sang, Petites histoires des règles, de celles qui les ont et de ceux qui les font, Élise iébaut, Éditions La Découverte (2017).
6 Lune rouge, Les forces du cycle féminin, Miranda Gray, Macro éditions (2011), p. 16.
7 Femmes qui se réinventent, Monique Grande, Éditions Le Soue d’Or (2006), p. 285.
8 « La mémoire cellulaire, se délier du passé pour se relier à soi-même », Grandir Autrement n° 48.
9 Révélez la femme sauvage qui est en vous, Judy Reeves, Éditions Vega (2017).
10 Mater Materia, Hommage à la Déesse-Mère et au principe féminin, Jacques Languirand, Éditions Le Dauphin Blanc (2014), p. 69 et 12.
11 Femme désirée, femme désirante, Docteur Danièle Flaumenbaum, Éditions Payot (2006)./ Décodez votre sexualité, Vers un accomplissement relationnel et sexuel, Philippe Lévy, Éditions Le Soue d’Or (2007).
12 Le Féminin sauvage, Trouver puissance, esprit et joie dans le corps féminin, Docteur SJ. Buckley, introduction XV./ 13Osez (enn) penser à vous !, 9 étapes pour passer de la femme qui s’oublie à la femme épanouie, Valérie Richard, Éditions Le Courrier du Livre (2017), p. 14.

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