Se préparer à la naissance

Si l’on part du principe que toute femme sait accoucher parce que son corps est fait pour ça, on peut se demander quel est l’intérêt de se préparer à la naissance. C’est pourtant actuellement capital. Déjà parce que la médecine a aujourd’hui la main-mise sur le savoir qui touche au corps féminin et à l’accouchement, au point que les femmes ne connaissent plus leur corps et ont « oublié » comment accoucher, perdant de fait toute confiance en elles. Ensuite, parce que l’accouchement tel qu’il est pratiqué majoritairement en France est ultra-médicalisé et bien loin de l’accouchement naturel. Pourtant, de plus en plus de femmes souhaitent redevenir maîtresses de leur accouchement. Il est donc pour ça indispensable d’être renseignée afin d’avoir toutes les clés en main pour faire respecter ses choix.
Aujourd’hui, beaucoup de femmes vont accoucher sans s’être réellement renseignées sur ce qu’est un accouchement et sans s’être posé une question très importante : comment souhaitent-elles accoucher et dans quelles conditions ? Et quelles sont les meilleures conditions pour accoucher ?
Il se trouve que l’idéal est très loin de ce qui est fait majoritairement en France aujourd’hui. Les meilleures conditions d’accouchement sont un cadre intimiste, silencieux, et peu éclairé. En effet, une femme en plein travail n’a aucune envie d’être entourée de monde, dans le bruit et sous des néons agressifs. L’accouchement doit idéalement se dérouler naturellement, sans intervention inutile, sans injection d’ocytocine pour accélérer le travail et sans anesthésie péridurale qui pourrait au contraire le ralentir et empêcher la future maman de sentir ce qui se passe dans son corps. Cette dernière doit pouvoir être libre de ses mouvements, afin de pouvoir bouger comme elle le souhaite pour soulager au mieux la douleur et aider le bébé à descendre dans le bassin. De même, elle doit pouvoir choisir la position qui lui convient le mieux pour accoucher. Enfin, toutes ces conditions sont importantes pour le bébé également : elles lui garantissent une naissance sereine (même si cela n’exclut pas les complications, cela peut toujours arriver) et une arrivée dans ce monde calme et tranquille. Pour lui aussi, le calme, l’intimité et une lumière douce sont importants.
Aujourd’hui en France, la majeure partie des accouchements se déroulent dans des structures hospitalières. Si certaines sont ouvertes aux accouchements dits naturels et si certaines équipes respectent le besoin d’intimité en limitant le personnel accompagnant à un ou une sage-femme et un ou une aide-soignant.e, en laissant les femmes en travail bouger comme elles le désirent et en éclairant faiblement la pièce, d’autres sont loin de tout ça, et les témoignages de femmes dont la salle d’accouchement était un boulevard sont encore trop nombreux. Les accouchements en hôpital ou en clinique étant majoritaires, il convient de s’y attarder. Précisons avant d’aller plus loin que si cet article promeut et encourage un certain type d’accouchement (le plus naturel et le plus respectueux possible), il n’a pas pour but de stigmatiser certains choix (comme celui de prendre la péridurale, par exemple), mais d’encourager les femmes à prendre leur décision en conscience et en étant bien renseignées.

Mettre un enfant au monde dans un hôpital

Beaucoup de femmes ne remettent pas en question le modèle français classique : arriver à la maternité, passer en salle de travail et souvent être immobilisée rapidement pour être mise sous monitoring, subir des touchers vaginaux réguliers, en cours de travail se faire poser la péridurale, puis finalement pousser sous la direction de la sage-femme et/ou du gynécologue. Selon l’équipe à laquelle on a affaire, il peut être décidé d’intervenir (épisiotomie, forceps, césarienne) pour des raisons plus ou moins justifiées. La peur de la future maman, ses questionnements, et par la suite son deuil de « l’accouchement parfait » ne seront que rarement entendus.
Une fois le bébé arrivé, si on a de la chance, on a du temps pour un peau à peau, moment privilégié pour faire connaissance avec son bébé et, si on souhaite allaiter, vivre une première tétée. Viennent ensuite souvent trop rapidement les soins (mesures, pesée, habillage) du nouveau-né. Lorsqu’on séjourne ensuite quelques jours à la maternité, on subit souvent plus qu’on apprécie les conseils (ou devrait-on dire les injonctions) des puéricultrices qui assaillent les jeunes mères de règles rigides : tétée toutes les deux heures, pas plus de quinze minutes pour chaque sein (qu’il faut bien alterner), changer le bébé à chaque réveil, lui donner le bain, éviter de le laisser s’endormir au sein ou dans les bras et l’habituer à dormir dans son berceau, etc.
Ce portrait d’un accouchement en hôpital n’est pas glorieux mais correspond à une réalité encore majoritaire. Bien sûr, certains hôpitaux ou cliniques évoluent et proposent ou du moins sont ouverts à des accouchements plus naturels et respectueux de la mère et du bébé. Cependant, mieux vaut savoir que si la future maman n’expose pas clairement ses souhaits, elle risque de se voir proposer la façon de faire « classique » dans la plupart des structures, sauf en ce qui concerne les établissements qui militent pour un accouchement naturel et bienveillant.

Quelle que soit la façon dont on souhaite accoucher, il faut être renseignée

Avant de choisir le lieu où l’on va accoucher, il faut donc se renseigner. Sur l’accouchement et le post-partum d’une part, afin de déterminer la façon dont on souhaite accoucher (péridurale ou non, position que l’on souhaite adopter, etc.). Ensuite sur le lieu d’accouchement : en hôpital, en clinique, en maison de naissance, à domicile… Si l’hôpital ou la clinique est choisi, quel établissement ? Niveau 1, 2, 3 (sachant que le niveau 3 traitant les grossesses pathologiques, il sera théoriquement proposé une intervention plus médicalisée – ce qui ne veut pas dire qu’on ne peut pas demander un accouchement le plus naturel possible) ? L’établissement favorise-t-il l’allaitement1 ? Peut-on y pratiquer le peau à peau juste après la sortie du bébé ? Y a-t-il une salle nature ? Quels sont les taux de péridurale, d’épisiotomie et de césarienne pratiquées ? Y a-t-il une politique menée en faveur d’un accouchement naturel ? Notons que si la France a bien du retard en ce qui concerne l’accouchement respectueux, il est tout à fait possible de trouver des équipes ouvertes à un accouchement naturel. Certaines sages-femmes réagiront même très positivement à un projet de naissance naturel, et elles y sont, de manière générale, plus ouvertes que les gynécologues. En revanche, il faut préparer le terrain à l’avance afin de ne pas se heurter à un refus ou une incompréhension : plus le projet est préparé en amont, plus il a de chances d’être bien compris par l’équipe. Et la future maman, en anticipant, se laisse ainsi l’option de choisir un autre lieu où accoucher si elle ne trouvait pas un écho favorable à ses souhaits.
Si la structure hospitalière n’est pas la solution retenue, il reste les maisons de naissance ou l’accouchement à domicile. Cela demande là aussi un travail de recherche : il y a malheureusement peu de maisons de naissance en France ; quant à l’accouchement à domicile, il n’est pas si simple à mettre en place qu’on pourrait le penser si on souhaite être accompagné d’une sage-femme (la législation rendant de plus en plus difficile pour les sages-femmes libérales de pratiquer ce genre d’accouchement). Enfin, si aucune solution ne paraît satisfaisante, il est possible de choisir d’accoucher seule et sans assistance2. C’est, là aussi, quelque chose qui se prépare, afin de vivre les choses au mieux et de pouvoir bénéficier de soins post-partum.
Le combat contre les violences obstétricales gagne du terrain et c’est tant mieux. N’oublions pas que c’est en étant informées que les femmes pourront se battre et faire entendre et respecter leurs choix.


1 Il existe pour les repérer le label « Hôpital ami des bébés ».
2 On parle alors d’accouchement non-assisté (ANA).

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