Randonner avec des lamas
Les sorties en famille en pleine nature sont une occasion formidable de partager du temps ensemble tout en se ressourçant. C’est également une opportunité de découvrir le monde dans lequel on vit, d’en prendre soin, de s’ouvrir à lui. Autant de choses qui auront d’autant plus de poids en marchant avec des lamas.
Le lama est un petit camélidé à dos droit d’Amérique du Sud, domestiqué pour le bât. Autrement dit, il est de la famille des chameaux, mais sans avoir de bosse, et on l’utilise pour porter les valises ! Il peut porter entre vingt et trente kilos. Pratique pour le bivouac.
Originaire de l’Altiplano1, le lama est parfaitement équipé pour la marche en montagne, ce qui en fait un compagnon idéal pour les randonnées et les explorations en altitude. Cependant, le lama a bien des avantages et sa compagnie en balade est loin d’être le plus surprenant.
Débroussailleur
Le lama est un très bon débroussailleur. Randonner avec lui en le laissant brouter de-ci, de-là, c’est contribuer à l’entretien des circuits et sentiers de randonnée de façon parfaitement écologique. Comme il n’a pas de sabots, il ne détériore pas les pistes sur lesquelles il marche. Il peut grimper sur les sols rocheux et les pentes escarpées, puisqu’il est adapté à la haute montagne. Il s’adapte à tout et peut se faufiler là où l’on se pensait coincé ou perdu.
Ses talents de débroussailleur lui ont d’ailleurs valu un certain nombre d’études de la part de l’INRA2 : sans conclusion parlante, puisque les lamas restent peu étudiés et peu utilisés en France, certains particuliers et certaines communes, notamment dans des zones à haut risque d’incendie ou à fort taux d’embroussaillement, où la loi impose de débroussailler autour des habitations, font le choix de louer des lamas, plutôt que d’employer des machines bruyantes et polluantes. C’est le cas par exemple à Gignac, où l’association Paousa Dou utilise des lamas pour entretenir des espaces privés tels qu’un golf.
Le grand avantage du lama est qu’il peut, et même doit, manger des plantes que la plupart des herbivores délaissent, comme les feuilles piquantes des chênes kermès, les ronces, les épines du cade, etc. Il a en effet besoin d’avoir dans sa ration quotidienne des végétaux ligneux ou épineux, ces mêmes végétaux qui sont typiques de taillis à très fort risque d’incendie. Dans cette optique, depuis 1984 sur les coteaux du Mont Ventoux (Provence) et dans les Pyrénées, les pouvoirs publics et des chercheurs ont mené différentes études scientifiques démontrant l’adaptation des lamas en zone méditerranéenne et en zone de montagne pyrénéenne.
Gardien de ferme
Les lamas sont des herbivores, cependant la dentition de la mâchoire supérieure du mâle comporte des sortes de canines : deux crochets très pointus qui peuvent, lors de bagarres de dominance ou lorsque deux mâles veulent les faveurs d’une femelle, générer de vives blessures, voire tuer. Ces dents sont dites « dents de défense », car comme leur nom l’indique, elles ont avant tout une fonction défensive.
Si lorsque son statut reproductif est en jeu, le lama tente d’utiliser ces dents pour attaquer et mordre les testicules des autres mâles, elles lui servent également à faire face aux prédateurs, tels que le puma, son prédateur naturel en Amérique du Sud. Bien qu’herbivore, le lama n’est pas « une proie comme les autres ». Il est très protecteur envers son troupeau et fait face aux menaces plutôt que fuir.
Cela en fait un excellent gardien de troupeau de brebis, qu’il défendra des loups, des chiens ou des renards. Face au danger, le lama pousse des cris stridents qui serviront d’alarme ; intimidant de par sa taille, il s’interposera également entre les brebis et le prédateur.
Partir plusieurs jours en randonnée et camping avec des lamas peut donc être vu comme une forme de sécurité : votre lama gardera votre camping de toute intrusion suspecte dès l’instant où il aura créé un lien avec vous. Toutefois, une précision : il est très fréquent que les crochets soit enlevés aux mâles en contact régulier avec le public, afin de prévenir tout accident.
Chaleureux comme un bon pull
La laine de lama ou d’alpaga, autre petit camélidé domestique, est en fait du poil, plus léger que la laine de mouton, mais également plus isolant grâce à sa structure creuse. Elle protège donc du froid mais aussi de la chaleur en été. On tond en général le lama une fois par an, parfois moins, et la laine d’alpaga est hypoallergénique.
On peut encore trouver des endroits où cette précieuse laine est filée à la main sur un rouet, tout en finesse et délicatesse. C’est le cas par exemple à Nevache dans les Hautes-Alpes, où l’équipe propose même aux enfants de confectionner leur propre création après une balade en famille au cours d’un après-midi découverte3. En outre, le lama aime être brossé et se montre en général extrêmement doux avec les enfants, pour le plus grand plaisir de ceux-ci. Dominique Griot, propriétaire de lamas à Bloye4, raconte : « Les lamas sont des animaux très calmes et les gens nous disent souvent qu’ils sont rassurants. »
Une excellente motivation pour les activités d’extérieur
Quentin, père de famille de quatre enfants, confie : « C’est parfois compliqué de visiter une région avec des enfants petits. J’aime marcher, j’aime les promenades en plein air, mais il y a régulièrement un enfant fatigué, un qui n’a pas envie et celui qui a mal aux pieds. Avec un animal, un âne ou un lama, ce genre de problème disparaît par magie ! Les enfants sont tellement heureux de pouvoir caresser un lama, de tenir la longe, de lui donner à manger l’herbe qu’ils ramassent, que tout le reste s’envole et je peux enfin souffler et profiter d’une sortie. Je me rends compte que ça doit sonner comme “le guide du papa désespéré’’, mais c’est une astuce que j’utilise régulièrement en vacances. De plus, le guide nous emmène dans des endroits que nous n’aurions pas forcément explorés seuls, nous parle de la région… C’est une découverte. »
Si l’élevage de lamas est encore très peu développé en France, on en trouve pourtant déjà un peu partout : dans les Vosges, en Savoie, dans les Alpes, en Corrèze, dans l’Hérault, le Doubs ou les Pyrénées, autant de destinations où l’on peut désormais prévoir une randonnée originale en compagnie de ces animaux. En outre, les promenades se déclinent sur divers thèmes, de la balade contée qui vous plonge dans les légendes boliviennes de la Cordillère des Andes pour vous dépayser5, au parcours botanique à la découverte de la flore locale, certains prestataires vous proposeront d’explorer des espaces protégés où les véhicules ne peuvent accéder, ou encore de faire un voyage historique en empruntant des sentiers riches de souvenirs.
1 Altiplano signifie en espagnol « plaine d’altitude ». Elle se situe dans la Cordillère des Andes, répartie entre le Pérou, la Bolivie, le Chili et l’Argentine.
2 Voir l’article « Éleveur et chercheur face aux broussailles », paru dans Courrier de l’Environnement de l’INRA n° 35 en novembre 1998, également disponible sur : www7.inra.fr/dpenv/pdf/ChabertD27.pdf, ou encore le Point des connaissances concernant les camélidés : https://www6.inra.fr/productions-animales/1993-Volume-6/Numero-1-1993/Les-camelides-sud-americains-le-point-des-connaissances
3 Voir le site www.la-joie-de-vivre.fr/activites/rando-lama-activites-montagne
4 Remerciements tout particuliers à Dominique Griot et Les lamas du Salagine pour leur participation à cet article, http://lamasdesalagine.e-monsite.com
5 Voir à Auzat dans les Pyrénées sur www.lamasdespyrenees.fr
Pour aller plus loin :
Le site du syndicat des éleveurs de lamas et d’alpagas : http://www.snela.org/site