Les supers pouvoirs de l’allaitement
Au moment de vous informer sur l’allaitement, on vous aura certainement servi l’argument habituel du «c’est le meilleur pour votre enfant». Peut-être aussi vous aura-t-on dit que c’est le plus «naturel» ou le plus « écologique ». Mais vous a-t-on vraiment décrit combien l’allaitement était magique et puissant?
Car oui, allaiter son enfant, c’est avoir à portée de main une capacité quasi illimitée à trouver des solutions, de la plus incongrue à la plus indispensable. Là où, en remplaçant le lait maternel par des formules, les industries laitières nous rendent dépendants de médicaments, de vitamines en pipette et de tout un système médical puis éducatif qui nous formatent à oublier nos compétences à être autonomes, l’allaitement est aussi un outil puissant pour accéder à une certaine forme de liberté.
Le pouvoir de nourrir et d’hydrater
Le super pouvoir le plus évident de l’allaitement est bien sûr celui qui consiste à nourrir son enfant. Le lait maternel est complet et parfaitement adapté à l’enfant, il évolue en fonction de l’âge de celui-ci, des conditions extérieures (canicule, grand froid), de son état de santé (fièvre, gastro, douleurs). En période de fortes chaleurs, un enfant allaité à la demande n’a pas besoin de complément en eau, le lait maternel étant plus hydratant ; en effet, il est absorbé très rapidement et contient des sucres et des sels pour être isotonique tout en étant principalement constitué d’eau.
Mieux encore, dans des conditions sanitaires douteuses, comme dans certains pays où l’eau potable n’est pas toujours accessible, le lait maternel permet d’offrir une source de nourriture et d’hydratation sûre à l’enfant. La maman filtre dans son corps ce qu’elle mange et ce qu’elle boit et la nature est si bien faite que, même si elle devait attraper une tourista, elle ne la transmettrait pas à son enfant, ne lui donnant « que le meilleur », comme vous l’avez probablement déjà entendu. Pensez-y au moment de partir au Cambodge ou en Afrique !
Le pouvoir d’être femme et mère
L’allaitement fait débat sur le front du féminisme. Nourrir son enfant serait-il en être esclave ? L’affranchissement de la femme passerait-il obligatoirement par la dépense financière obligée en matériel et lait en poudre, la poussant à sortir chercher un revenu et donc à laisser Bébé à des nounous qu’il faudra, là encore, payer ? Si les modes de garde et le biberon offrent aux familles un plus grand choix d’organisation et d’épanouissement, ne concluons pas trop vite que c’est la seule option qui vaille aujourd’hui. En interrogeant autour de moi des mamans lors de rencontres autour de l’allaitement, j’ai en effet été surprise d’entendre tout le contraire de cette traditionnelle dichotomie mère vs femme. L’une d’elles m’expliquait alors qu’allaiter lui avait justement permis, non seulement de créer un lien fort avec Bébé et donc d’investir pleinement son rôle de maman, mais avait aussi donné à son compagnon un rôle complémentaire qui avait renforcé leur couple. Certes les hormones en jeu lors de l’allaitement ont tendance à freiner la libido des mamans, mais le parentage proximal, lorsqu’un papa s’investit, fait aussi baisser le taux de testostérone de ces messieurs, qui sont moins demandeurs, et l’équilibre dans une sexualité moins active au sens courant du terme donne au couple du temps pour se (re)découvrir sous d’autres facettes, s’approfondir, se mettre en phase, parler de l’avenir, devenir de complices partenaires de vie qui entrent dans une aventure palpitante.
En outre, l’allaitement est parfois une belle et douce façon pour les femmes qui ont eu des grossesses et/ ou des accouchements compliqués de se réparer, de se sentir pleinement capables et d’avoir confiance en leurs compétences à être mères. Une autre maman me confiait d’ailleurs : « L’un des pouvoirs de l’allaitement, ça a été de faire du bien à ma cicatrice de césarienne, littéralement. À chaque tétée, je sentais de petites décharges électriques dans la cicatrice qui me soulageaient. »
Le pouvoir de soigner tous les maux
Vous avez dû entendre que l’allaitement donnait des anticorps au bébé, que c’était bon pour son immunité. Ce qui est vrai : le colostrum, à la naissance, est très riche en anticorps qui constitueront un premier bagage immunitaire, efficace les premiers mois de vie. Ensuite, le lait va continuer à apporter des anticorps tout au long de l’allaitement. Encore plus fort : le lait va apporter les bons anticorps à votre enfant. Lorsque votre enfant est malade (un rhume, une gastroentérite, une bronchite, la varicelle…), les microbes qui l’infectent sont aussi présents dans sa salive et ses muqueuses buccales et il en dépose une petite quantité sur l’aréole de sa maman. La maman, sans avoir besoin de contracter la maladie, va par ce simple contact se mettre à produire les anticorps adaptés pour son bébé ! Et on ne s’arrête pas là. Une conjonctivite ? Faites couler un peu de votre lait dans son œil pour le nettoyer : très efficace, indolore et naturel, le lait vous permet de vous passer d’antiseptique ou d’antibiotique oculaire. Un nez bouché ? Au lieu de le moucher au sérum physiologique, faites-le avec du lait que vous aurez exprimé. Non seulement, Bébé sera tout aussi bien mouché, mais en plus le lait désinfecte et apaise les muqueuses nasales sur son passage. Des petits boutons, de petites plaies ? Appliquez du lait ou des compresses imbibées de lait ! Cicatrisation rapide garantie… même sur les membres de la famille qui ne sont pas ou plus allaités ! Un genou écorché sur le grand de 10 ans ou une joue coupée au rasage chez Papa se soignent très bien avec cette formidable armoire à pharmacie qu’est le lait maternel. Vous commencez à comprendre pourquoi il est dans l’intérêt de l’industrie pharmaceutique de nous voir échouer dans nos allaitements ?
L’allaitement soigne aussi l’ego d’un bébé vexé ou d’un bambin frustré. La tétée câlin ou tétée réconfort, loin d’être un caprice de l’enfant, est avant tout une façon d’apaiser les tensions émotionnelles et psychiques lorsque la situation est difficile à vivre pour lui. Alors au diable les « tu es son esclave », « tu vois bien qu’il ne pleure que pour téter », « tu es devenue son doudou ou sa sucette », et en avant LA solution, celle que la nature a prévue pour votre enfant. Car, oui, la nature est sage : elle avait anticipé, il y a des millions d’années, à l’apparition du premier mammifère, que nos petits tomberaient de vélo dans les graviers ou glisseraient sur le carrelage et que les mamans, dé- munies devant leurs larmes, auraient besoin d’offrir une réponse évolutive intelligente. Si ça, ce n’est pas un super pouvoir… !
Le pouvoir de la simplicité
Voyager léger, quel parent n’en rêve pas ? Vous vous souvenez de cette époque lointaine où vous pouviez partir en voyage avec un simple sac à dos pour prendre le bus ? L’allaitement offre la simplicité : pas besoin de biberon, de stérilisateur, de goupillon, de produit vaisselle, d’eau douce pour laver et rincer, de bouteille d’eau plate pour mélanger, de chauffe-biberon (certains se branchent sur l’allume-cigare des voitures !), de tétines qu’il faut changer en fonction de l’âge, de boîte de lait, et j’en passe. Juste une maman, son corps, ses bras. Dans une logique de sobriété volontaire, de zéro déchet ou encore dans une volonté de désencombrement, l’allaitement est la réponse toute trouvée à ces problématiques, en faisant partie d’un ensemble de pratiques qui découlent en cohérence les unes des autres et qu’on appelle communément le maternage proximal. À ce titre et dans la même démarche, le portage, l’hygiène naturelle infantile, la motricité libre ou encore la diversification menée par l’enfant vont dans le sens du respect du rythme, des compétences et des besoins de l’enfant tout en s’appuyant sur des études scientifiques, notamment en neurosciences et sociologie, qui aujourd’hui donnent raison à ces pratiques.
Si aujourd’hui en France l’allaitement et toutes ces pratiques sont encore minoritaires, voire marginales, ce sont pourtant des choix de raison… et quelles supers raisons !