La Domination adulte, l'oppression des mineurs
Attention : Avis de tempête et fortes rafales sur nos convictions concernant les relations enfant-adulte… et l’éducation en général !
Un petit mot sur l’auteur, par l’auteur lui-même : « Bonjour ! Je me présente brièvement : je suis un militant libertaire et égalitariste, engagé contre toutes les formes de domination.1 »
Né un an avant mai 1968, dans une petite ville au sud de Lyon, Yves Bonnardel est philosophe, essayiste, éditeur et l’un des membres fondateurs des Cahiers antispécistes et du collectif des éditions Tahin Party.
Sans prétendre à une démarche d’analyse, je partagerai simplement ici les principales perspectives abordées par Yves Bonnardel tout au long de son livre La Domination adulte, L’Oppression des mineurs2, celles qui m’ont le plus interpellée, celles qui ont fait écho à mon esprit de parent et de citoyenne. Prêt.e pour le voyage ? Attachez vos ceintures, c’est parti !
La construction de l’enfance
L’ouvrage commence par un « état des lieux » des organisations de lutte des mineurs – souvent passées sous silence, et pour cause… – dans le temps et dans le monde, qui rappelle, si besoin est, que la question de la domination adulte (et surtout celle de l’homme blanc) est loin d’être nouvelle et que son ampleur concerne les sept milliards d’individus que nous sommes. Yves Bonnardel interroge ensuite la condition et les droits de l’Enfant – avec un grand E, entité abstraite, contrairement aux enfants, êtres sensibles et bien réels – et le rôle de la cellule familiale dans les rapports entre enfants et adultes dans la société. Il questionne à plusieurs reprises la responsabilité de l’État et de l’école dans « la reproduction d’un ordre social inégalitaire et hiérarchisé3 ».
Il met l’accent également sur la fabrication des notions même d’enfance et d’adolescence, entre approche naturaliste et sociologique. Il souligne la négation des capacités des enfants de la part de la société tout entière, au point de parler avec Christine Delphy « d’éducation à l’incompétence ». Enfin, il évoque le statut de mineur, « statut de tutelle, d’incapacité juridique », qui maintient volontairement les enfants assujettis à l’ordre adulte et patriarcal.
Pour une société égalitaire
La réflexion sur « l’accès individuel aux ressources dans le monde » met en lumière la nécessité de s’interroger sur le droit du et au travail (et de disposer librement de ses revenus) et sur le bien-fondé de la lutte contre le travail des enfants.
Ainsi, il s’agirait plutôt de protéger les mineurs (et les majeurs !) contre l’exploitation et de promouvoir des conditions de travail décentes partout dans le monde que de priver les enfants des seuls moyens de subsistance et/ou d’acquisition d’un minimum d’autonomie et d’indépendance à leur portée.
Tout au long de son ouvrage et jusque dans les annexes, accompagné de John Holt, Christine Delphy (qui signe la préface de ce livre), Catherine Baker, Christiane Rochefort et bien d’autres, Yves Bonnardel nous invite à penser un monde libéré de la dimension totalitaire de l’éducation. Il laisse entrevoir ce que pourrait être une société sans discrimination (d’espèce, de classe sociale, d’âge, de sexe, de « race »,…), sans exploitation, contrainte ni oppression. En un mot, une société plus égalitaire…
La réflexion est profonde et « Il ne tient qu’à nous de prendre le large et sentir dans notre vie souffler le vent des possibles… et écarquiller nos grands yeux sur l’infini. »
Bernard Martino affirmait que « Le bébé est une personne4 », Yves Bonnardel pourrait ajouter « qui requiert les mêmes droits fondamentaux que l’adulte ».
Après la lecture de cet ouvrage, il se pourrait que vous ne regardiez plus jamais votre enfant – ou tout autre enfant – de la même manière. Puissiez-vous construire dès lors avec lui, avec elle, des relations apaisées basées sur la confiance, la bienveillance et l’égalité.
1 http://yves-bonnardel.info
2 La Domination adulte, L’Oppression des mineurs, Yves Bonnardel, Éditions Myriadis (2016).
3 Toutes les citations sont extraites de La Domination adulte, L’Oppression des mineurs, Yves Bonnardel, Éditions Myriadis (2016).
4 Le Bébé est une personne, Bernard Martino, Éditions J’ai lu (2004).