Et si on fêtait le retour de la lumière ?
Le mois de décembre est pour une grande partie des Terriens habitant zone tempérée la période de l’année la plus festive. Et ce n’est pas un hasard si diverses cultures choisissent cette saison pour fêter qui la Nicolas, qui Noël, qui la Saint Sylvestre. Car décembre est également le mois où survient un événement astronomique d’importance : le solstice d’hiver. C’est autour de ce solstice que les jours se rallongent, signalant le retour de la lumière et promettant le printemps dont tout être vivant se réjouit. Dans certaines familles, qui préfèrent célébrer la nature et ses cycles, on réveillonnera le 21 décembre : c’est la fête de la lumière.
Le solstice d’hiver est l’époque de l’année où le raccourcissement progressif de la durée du jour, entamé au solstice d’été, prend fin. C’est un point de la course de la Terre autour du Soleil à partir duquel l’inclinaison de l’axe de notre planète permettra aux zones situées au-delà des Tropiques de gagner chaque jour un peu plus de lumière. Durant le froid hivernal, la nature sommeille. Avec l’augmentation graduelle du temps d’exposition quotidien aux rayons du Soleil, la nature réchauffée va peu à peu se réveiller. Les sols tiédissent, les eaux dégèlent, la sève des végétaux assoupis remonte peu à peu. Pour une grande partie des populations terrestres, notamment celles situées le plus près des pôles, c’est une occasion de réjouissance. Diverses cultures pré-chrétiennes ont célébré cette saison comme celle du renouveau, de la renaissance, du retour à la vie. Ce n’est donc pas un hasard si le jour de la Nativité a été situé à cette période, les fêtes chrétiennes (Noël, Nouvel An, Épiphanie) remplaçant peu à peu les anciennes célébrations païennes1. Depuis une cinquantaine d’années, prenant sans doute son origine dans le romantisme allemand, son exaltation de la nature, son mysticisme et son attachement aux contes et légendes, on assiste à une renaissance des croyances et représentations païennes, faites de dieux et déesses des forêts et des lacs, d’êtres élémentaires, d’esprits animaux et de lutins protecteurs de la nature : druidisme, Wicca2, néoanimisme et autres néopaganismes, souvent issus du monde anglo-saxon et notamment des États-Unis. Le solstice d’hiver ou Yule3 est une fête majeure des communautés wiccanes. C’est la raison pour laquelle la fête de la lumière est décriée par certains chrétiens comme célébration des “gentils4”. Cependant, pour de nombreuses familles, la fête de la lumière est débarrassée de ses connotations religieuses, païennes ou néo-païennes, et n’est rien d’autre que la célébration séculière du changement de saison qui s’annonce, une fête ancrée dans une compréhension rationnelle des rythmes de la nature et des cycles écologiques de la planète qui méritent d’être célébrés pour eux-mêmes.
POURQUOI CÉLÉBRER LA FÊTE DE LA LUMIÈRE ?
La fête de Noël célèbre la naissance du Christ, et conformément à la tradition et en référence aux présents, or, encens et myrrhe, offerts à l’enfant Jésus par les Rois mages, Gaspard, Melchior et Balthazar, le jour de sa naissance, c’est une occasion privilégiée d’échanger des cadeaux avec les êtres qui nous sont chers. Malheureusement, depuis quelques décennies, Noël est pour beaucoup devenu une célébration formelle et outrageusement matérialiste de la société de consommation durant laquelle les marchands de vanités rivalisent d’ingéniosité pour grossir leur chiffre d’affaires. Les achats sont frénétiques, excessifs et, souvent, les cadeaux manquent leur cible et sont revendus dès le lendemain sur des sites marchands de la Toile. De plus en plus de parents s’interrogent sur les valeurs transmises à leurs enfants lors de cette période de consommation excitée, toute représentation religieuse mise à part. Peut-on donner un autre sens à ces fêtes de fin d’année ? C’est ce que croient les familles qui ont adopté la fête de la lumière. Cette dernière offre une autre voie, une nouvelle forme, pour communiquer des valeurs autres que celles du matérialisme, les valeurs de l’amour et du don, du respect du cycle de la nature et des êtres vivants. En célébrant le retour de la lumière, on peut créer une ambiance festive et chaleureuse et partager ce qui nous est cher.
COMMENT FÊTER LE SOLSTICE D’HIVER ?
On peut soit adapter des rituels connus, soit en inventer de tout à fait inédits. Dans ce domaine vierge de règles et codes ancestraux, tout est possible, vous êtes absolument libres d’instituer tous les rites que votre imagination, éventuellement soutenue par celle de vos enfants, pourra concevoir. Vos choix de ritualisation seront votre signature familiale. Voici quelques exemples :
- Fabriquer ensemble, petits et grands, des bougies de toutes formes et couleurs quelques jours en amont et les allumer le soir venu partout dans la maison et dans le jardin.
- Allumer un grand feu dehors à la tombée de la nuit et danser ensemble tout autour.
- Prononcer ses vœux aux personnes qui nous entourent, à voix haute, autour d’un feu ou d’un repas préparé ensemble dans l’après-midi.
- Fabriquer tout au long du mois de décembrede petits cadeaux à partir de matériaux de la nature ou recyclés, puis les offrir le jour du solstice.Certains mettent une intention dans leur cadeau, d’autres les mettent tous dans un grand sac et chaque personne prend au hasard un cadeau, ou encore tire au sort le nom de la personne à qui elle offre le sien.
- Trouver une activité fédératrice, conter des histoires, mimer des contes, chanter, danser, fabriquer des savons, des bougeoirs ou des décorations pour la maison, voire si vous en disposez dans votre jardin, décorer un« arbre de Yule », un arbre qui n’aura pas été coupé. La fête de la lumière est un moment de partage et de joie et, si elle se veut loin de la pompe et de la bombance de Noël, rien n’empêche de combiner les deux !
1 – “Noël est célébré le 25 décembre dans toutes les Églises chrétiennes depuis le 4e siècle. Cette date était alors celle de la fête païenne du solstice d’hiver appelée « Naissance (en latin, Natale) du soleil », car celui-ci semble reprendre vie lorsque les jours s’allongent à nouveau. À Rome, l’Église a adopté cette coutume fort populaire d’origine orientale, qui venait de s’imposer dans le calendrier civil, en lui donnant un sens nouveau. […] La fête de Noël n’est donc pas, à proprement parler, l’anniversaire de la naissance de Jésus, dont la date est ignorée.”, Encyclopædia Universalis (1968), volume 29, page 1360.
2 – D’après Wikipédia, “La Wicca est un mouvement religieux […] incluant des éléments de croyances telles que le chamanisme,le druidisme, et les mythologies gréco-romaine, slave, celtique et nordique. Ses adeptes, les wiccans, prônent le culte de la nature, et s’adonnent parfois, mais pas nécessairement, à la magie.”
3 – Yule, du vieux norrois Jol, est une ancienne célébration hiémale des peuples germaniques qui a été associée à Noël dans les pays scandinaves après leur christianisation. Selon la Wicca, c’est également un des huit Sabbats annuels.
4 – Nom que les juifs et les premiers chrétiens donnaient aux païens.