Et je choisis de vivre : un film sur le deuil, une ode à la vie
Amande et Guillaume ont perdu leur fils Gaspar à la veille de son premier anniversaire. Se sentant terrassée par le chagrin, Amande décide de partir à la rencontre de femmes et d’hommes ayant traversé la même épreuve pour comprendre comment ils ont trouvé la force de continuer à vivre. Elle propose à son ami et réalisateur Nans Thomassey de filmer cette aventure et de la vivre avec elle. Ils partent ainsi en randonnée dans la Drôme avec des rencontres à chacune de leurs étapes. Véritable documentaire, ce film ne verse pas dans le larmoyant ni l’apitoiement sur soi. Pourtant les situations évoquées sont toutes émouvantes dans leur diversité. Qu’imaginer de pire en tant que parent que la perte d’un ou de plusieurs de ses enfants ?
La métaphore de la randonnée est parlante et ce n’est pas un hasard si la randonnée d’Amande et Nans, aidés parfois de l’âne Mao, est le fil rouge du film. La traversée spirituelle du deuil est accompagnée par la marche physique. Pour faire face au deuil, il nous faut traverser parfois des grottes, des tunnels dont on ne voit pas le bout, grimper là où on ne se serait pas cru capable d’aller, respirer un bon coup et se lancer, oser… et découvrir en soi des ressources insoupçonnées, accepter de confier à d’autres les charges trop lourdes à porter seul, comme le matériel de tournage qui est porté par l’âne durant la randonnée. S’encorder avec d’autres pour faire l’ascension ensemble, et laisser passer l’autre devant pour qu’il nous ouvre la voie. Regarder le paysage de haut et se laisser émerveiller, s’autoriser à hurler sa peine ou sa colère pour la laisser en route…
Vivre
Dans chaque témoignage, on retrouve cette constante : la vie est plus forte. La vie reprend, petit à petit, « mais il faut du temps », dit l’une des mères endeuillées. La vie a une force incroyable, et elle est transformée par le deuil, bien sûr, on ne reprend pas sa vie « comme avant ». La vie de chacun, chaque cellule, est bouleversée par le deuil traversé, mais la vie reprend. On ose rire à nouveau, faire des projets, aimer, espérer… Vivre ! Et je choisis de vivre replace la mort comme faisant pleinement partie de la vie, alors que notre société a souvent tendance à vouloir occulter cette partie du cycle du vivant. « Le deuil est l’expérience de vie la plus partagée mais paradoxalement la moins bien accompagnée parce que mal connue.1 »
Rire
Peut-on rire de tout ? Cette question-là est posée aussi. Peut-on rire dans un film sur le deuil, vous demanderez-vous ? Oui, on peut, parce que le rire fait partie de la vie, tout comme la mort. On rencontre ainsi une clown, et une maman endeuillée qui avait choisi lors de la maladie de sa fille de rire le plus possible, de saisir chaque petite occasion, et que les clowns ont beaucoup aidée à traverser la maladie, puis le deuil. Le film nous invite également à rire des pires phrases qu’on peut entendre lorsqu’on est en deuil, parce que rire est un moyen de remettre un peu de distance, de prendre du recul, parce qu’entre rires et larmes la frontière est parfois ténue.
Ritualiser
C’est également un aspect important du processus de deuil qui est abordé : les rituels. Les rituels permettent de marquer des étapes, de rassembler autour de soi les personnes qui comptent aussi. Parce qu’ils ont longtemps été considérés comme exclusivement religieux, ils ont presque disparu en Occident avec le recul de la pratique religieuse. Or les rituels sont importants et peuvent vraiment aider. Il n’est pas nécessaire qu’ils soient religieux et chacun peut inventer ses propres rituels en fonction de ce qui lui parle.
Et je choisis de vivre – Nans Thomassey, Damien Boyer (mai 2019). https://etjechoisisdevivre.com
1 www.mieux-traverser-le-deuil.fr est une plateforme d’aide aux personnes endeuillées très complète et riche qui a été conçue pendant et après le tournage du film pour que chacun, au moment où il en a besoin, puisse, comme Amande, trouver des ressources, des clés, pour l’aider à surmonter la perte d’un proche.