Comment se lancer : B.A. BA de l’apprenti nomade

La vie nomade fait rêver, et il peut suffire de suivre les aventures d’une famille nomade et de contempler ses photos remplies de paysages de rêve pour avoir envie de se lancer dans l’aventure. À moins que le besoin d’un retour à l’essentiel se fasse sentir, appelant  à se débarrasser de tout ce matériel qui nous entoure pour se contenter du nécessaire.
Mais partir sur les routes ou au fil des flots en famille ne s’improvise pas, cela se prépare.

Les préparatifs se feront en fonction du voyage que l’on souhaite faire : part-on pour une durée déterminée ou pour quelques mois ? Dans son pays de résidence ou à l’étranger ? Sur terre ou sur mer ? Avec quel type de moyen de transport ? Veut-on changer régulièrement de lieu ou faire des arrêts de plusieurs semaines ou de plusieurs mois ? Va-t-on continuer à travailler ou pas ?

Profiter de l’expérience des autres baroudeurs

Il est possible que l’on sache exactement quel type de voyage on veut faire. Les expériences étant toutes différentes et les façons de voyager très diversifiées, on peut aussi être dans le flou complet et hésiter entre un tour d’Europe en camping-car ou une vie en bateau aux Antilles… Pour se décider, se renseigner sur les voyages d’autres familles nomades, sur leur expérience, sur les bonheurs et les difficultés de chacun peut aider à faire son choix. Beaucoup de familles nomades communiquent via Internet sur leur quotidien, que ce soit sur un blog ou sur les réseaux sociaux, sur des pages personnelles ou sur des groupes spécialisés. C’est ainsi que Laetitia et Vincent, parents de cinq enfants, ont construit leur voyage :  « Nous avions cette idée depuis plusieurs années, elle mûrissait tranquillement. Nous pensions à “plus tard”, “quand nous pourrons”, “nous en rêvons”. Puis, nous nous sommes inscrits sur un groupe de familles qui voyagent et avons pu suivre virtuellement plusieurs familles nomades. Nous en avons rencontré aussi plusieurs, qui nous ont expliqué leur démarche et surtout raconté leurs aventures. Suite à l’une de ces rencontres, tout est apparu plus évident dans nos esprits, et nous nous sommes lancés à notre tour. »

Quel mode de transport choisir ?

Pour se décider, Laetitia et Vincent ont réfléchi à ce qui serait le plus pratique pour eux au quotidien et ont construit leur nid en fonction de leurs besoins : « Avec nos cinq enfants, nous ne voulions pas faire et défaire des valises chaque jour ou presque. Nous ne voulions pas multiplier les endroits où dormir, à chaque fois dans un lit différent, d’autant plus que nos deux plus jeunes avaient 8 mois et 3 ans au moment du départ. Nous voulions avoir un petit “chez nous” que nous pourrions apporter avec nous. Donc nous avons opté pour ce qu’on appelle une “roulotte” au Canada, qui est une caravane (avec toutes les commodités) tirée par une voiture. Avec un nombre de ceintures de sécurité limité, les motorisés (type camping-car) ne constituaient pas une option possible pour notre famille, et nous trouvions qu’il est plus confortable, et moins bruyant, de voyager dans notre voiture. Nous n’envisagions pas non plus de plier et déplier la table du repas chaque jour pour dormir, il nous fallait donc sept couchages fixes. Nous avons opté pour un modèle avec deux chambres, l’une avec deux fois deux lits superposés pour les quatre garçons, l’autre avec un lit double pour nous, puis nous avons enlevé le canapé d’origine pour construire une banquette, avec un tiroir en dessous de la taille d’un lit de bébé, pour notre dernière. Nous avons donc seulement à ouvrir ce lit le soir (ouvrir le tiroir) et le rentrer le matin, c’est tout. » Anne-Lise et Julien ont choisi le camping-car : « Lorsque nous avons envisagé de prendre une pause carrière pour voyager avec nos enfants, le mode de transport ne faisait pas de doute : le camping-car.  Il nous fallait un “chez-nous mobile”, pour que chacun s’y sente bien. Nous désirions également avoir notre salle de bain (avec toilettes) et cuisine. Je pense que quel que soit le mode de transport choisi, il faut le tester avant, cela ne s’improvise pas. […] Nous avons choisi notre véhicule pour avoir suffisamment d’espace de rangement, et pour pouvoir emporter nos quatre vélos. Les enfants ont leur armoire (accessible à leur hauteur) avec livres, jouets, matériel de bricolage/coloriage/“scolaire”, rangés dans des bacs en plastique. Question jouets, finalement ils s’amusent autant avec ce qu’ils découvrent dans la nature. Ramasser des galets, bouts de bois, pommes de pin est très amusant pour eux. Emporter donc un minimum. Nous avons emporté de petits sachets zip et petites boîtes pour quand même remporter quelques souvenirs de chaque pays. Julien a fait quelques aménagements au camping-car avant le départ : rajouter des filets pour y ranger de petites affaires, des crochets à plusieurs endroits, un rideau au lit des enfants, etc., bref prévoir un peu de temps pour les aspects pratiques qui nous facilitent bien la vie une fois en route. » D’autres choisissent le bateau, comme Anne-Sophie et sa famille1, d’autres le vélo, d’autres enfin se déplacent à pied.

Les démarches administratives

Une fois le véhicule et la destination arrêtés, il faut s’occuper de tout ce qui est administratif. Faire en sorte que chacun ait les papiers d’identité nécessaires, en fonction du pays choisi, demander un visa, se renseigner sur les vaccins recommandés ou demandés pour certaines destinations, avoir une adresse pour réceptionner son courrier, quelqu’un pour le récupérer et un moyen de faire suivre les courriers importants, prévoir les papiers et vaccins pour son animal si on en a un, avoir une assurance santé, une assurance pour son véhicule. S’interroger sur ce que l’on va faire de son logement : le quitter si on est locataire, le vendre, le louer ou sous-louer ?

L’argent

Certains décident de voyager sans argent. Ils sont donc à pied ou à vélo, et vivent grâce à de l’échange de services, grâce à l’hospitalité de gens rencontrés sur leur chemin ou même en se servant dans les poubelles (les supermarchés jettent beaucoup de produits encore consommables – se servir dans les poubelles n’est plus un geste réservé aux gens vivant dans la rue mais est devenu un véritable mouvement contestataire). Cependant, la plupart des personnes qui deviennent nomades ont besoin d’argent, ne serait-ce que pour acheter du carburant pour leur véhicule. Certains continuent de travailler. Ils peuvent avoir une activité (ou commencer une activité) qui peut s’exercer de n’importe où, nécessitant simplement un ordinateur et une connexion Internet. Ils peuvent aussi proposer leur savoir-faire dans les différents endroits où ils passent, en proposant par exemple des créations (de bijoux, d’objets, de vêtements, d’œuvres d’art) et en les vendant sur les marchés. D’autres trouvent sur leurs lieux de passage des objets typiques de la région et les revendent ensuite, sur des marchés dans d’autres contrées, ou sur Internet. D’autres sont saisonniers et trouvent du travail là où ils passent, dans l’agriculture, la restauration, le tourisme… D’autres ont une activité artistique et se produisent là où les mène leur voyage (qui peut être défini en fonction des différentes manifestations culturelles).
Certains enfin ne s’embarrasseront pas des questions financières en économisant avant leur voyage (ou en profitant d’une réserve d’argent suite, par exemple, à la vente de leur maison).

Et l’instruction des enfants ?

Et alors pendant le voyage, y a pas école ? Eh bien cela dépend des familles. Certains enfants, comme beaucoup d’enfants de forains par exemple, changent d’école régulièrement. Cependant, en ce qui concerne les nomades dont nous parlons ici, les enfants font une pause dans la scolarité « classique » (pour ceux qui en avait une). Certaines familles choisissent de poursuivre le programme scolaire avec des cours par correspondance, d’autres utilisent des manuels scolaires et des cahiers et livres parascolaires ou des supports pédagogiques variés, d’autres enfin prennent le parti des apprentissages informels et laissent leurs enfants apprendre au fil des jours et au gré de leurs expériences. Nul doute que la vie sur la route ou au fil des flots est riche en apprentissages…


1 Pour suivre leur voyage : https://datollenatom.wordpress.com

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